Je rencontre RAST un jour de mai quelque part dans le sud de Paris, tandis qu’il met la dernière main à sa création, un portrait de Jean Rochefort.
« Ce porrait, je l’ai réalisé en novembre dernier, peu de temps après sa mort, mais je ne l’ai terminé que très récemment en ajoutant ce décor d’yeux ».
Le message est clair : l’acteur nous dit : « Je ne suis plus là, mais je vous ai à l’œil ! ». Le très British dandy français veut encore jouer l’arbitre de nos élégances, physiques et morales…
J’avais photographié en février dernier, rue Henri-Noguères dans le 19e arrondissement de Paris, une étonnante fresque de RAST représentant Grandmaster Flash, une figure du Hip-Hop du Bronx, qui était de passage à Paris. La fresque avait été réalisée pour fêter les 30 ans du crew AOS (Art Of Sauvage, Art Of Spray, etc...) : 1988-2018.
Mais comment RAST, originaire du sud de l’Île-de-France, s’est-il retrouvé dans ce crew basé dans le nord de Paris ?
« En fait, j’ai vécu quelque temps à Saint-Ouen, et c’est là que j’ai fait la connaissance d’un graffeur d’AOS. Au fil des rencontres, il a fini par me proposer d’intervenir avec le crew ».
Après avoir passé sa jeunesse à dessiner sur ses cahiers, RAST commence à taguer à 14 ans. Deux ans plus tard il se lance dans le lettrage « sur le mode psychédélique » avec le blaze qu’il s’est choisi :
« Pour mon blaze, je me suis inspiré de mon nom de famille. Et j’aime bien les lettres qui le composent ».
Malgré tout, il délaisse le lettrage il y a une dizaine d’années et préfère réaliser des portraits.
Le hip-hop n’est qu’une partie de son inspiration ; ses portraits sont choisis dans des univers très variés, décalés, comme récemment son Bruce Lee, son Laurel et Hardy, son Mister Bean ou d’autres que j’avais eu l’occasion de photographier :
Ce Jean Rochefort très « big brother is watching you » marque une étape dans son expression artistique.