L’atelier de Fyrze Onerock est à l’écart d’un village, près d’Arpajon (91), dans un groupe de petits bâtiments d’artisan. Autrefois, c’était un atelier de tapissier. C’est aujourd’hui le lieu où il crée, et où il vit aussi.
A l’écart du monde. « Trop peut-être », pense-t-il parfois. « Sans doute devrais-je aller plus souvent à des vernissages, faire davantage de rencontres », se dit-il. Ce n’est pourtant pas un asocial - loin de là - mais il est si tranquille dans son antre. Pas facile d’en sortir.
Il en sort pourtant et c’est comme ça que j’ai fait sa connaissance, à l’exposition « Esprit Street » à l’ « Espace Art et Liberté » de Charenton. Puis nous nous sommes revus en octobre dernier, à la gare d’Austerlitz, pour cette incroyable opération de décoration de 5 wagons de marchandises, le rêve fou d’un cheminot !
Fyrze expose souvent. Il était aussi à l’Oppidum en novembre dernier, et au Kremlin-Bicêtre en avril dernier pour l’exposition « Aux noms de ma rue » avec ses amis Meushay, Nebay, Edge, etc.
Mais c’est aussi un artiste de rue. A 12 ans, il taguait comme un fou dans les rues de Corbeil et des alentours. Sa vocation est née quand il a découvert un livre de Martha Cooper, la photographe américaine qui a documenté le graffiti à son origine. Mais en réalité, il est entré dans la culture Hip-Hop par la danse. C’était un fan de smurf et il ne ratait aucune des émissions de Sidney, l’animateur télé.
Puis, il est parti dans le tag. A 15 ans, il a commencé à taguer des trains. Il faisait partie du crew DSK, puis il a créé son propre crew, MCA. Il signait Zephyr. Mais pour ne pas être confondu avec un autre graffeur, il a transformé son nom en Fyrze. Comment ses parents voyaient sa passion ? Son père avait repéré ses tags sur les trains le matin quand il partait travailler et il n’aimait pas trop ça ; il lui cachait ses marqueurs !
Ça ne l’empêchait pas d’aller traîner sur les voies ferrées la nuit. Dans l’obscurité, il ne se rendait pas toujours compte de ce qu’il faisait. Il était concentré, dans sa bulle. Il revenait le lendemain pour voir le résultat à la lumière du jour…
C’est en 2001 qu’il a commencé à peindre des toiles. Son inspiration, il la puise dans la musique. Il pousse le niveau sonore au maximum dans son atelier. Tout vient de la musique pour lui. Il travaille souvent sur plusieurs toiles en même temps. Il ne refait jamais deux fois la même chose, même si c’est toujours la même inspiration qui le guide. Il aime les contrastes, de couleurs, de formes aussi. Des figures géométriques avec un personnage. Des lignes anguleuses sur un décor de fond en spirale, etc…
Cet été, il est allé s’aérer en Bretagne, près de Rennes, et aussi dans le sud du Portugal. Il lui arrive comme ça de partir ici ou là avec sa camionnette graffée et de peindre au hasard. S’échapper un peu l’atelier.
A 43 ans il est en pleine interrogation sur sa pratique. Il pense à sa vie, à sa solitude, à son désir d’enfant, à son art. 5 ans déjà qu’il vit dans cet atelier au milieu de ses œuvres et de son impressionnante collection de bombes, et aussi des souvenirs que lui laissent ses visiteurs : des toiles, ou juste leur tag au carreau de la porte ou sur le mur du séjour…
Fyzre se demande s’il ne va pas le quitter pour se rapprocher de la ville. Mais le voilà déjà qui me parle des recherches qu’il fait en ce moment pour décliner l’initiale de son nom, le « F ». « On peut faire plein de choses avec un F », et il m’entraîne dans l’atelier pour me montrer ses toiles en cours…
Il me montre aussi le caps spécial qu’il a inventé pour pouvoir varier l’épaisseur de son trait.
Devant l’entrée est garée sa camionnette entièrement graffée par ses soins !
Merci Fyrze pour ton accueil et bonne chance pour la suite !